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jeudi 7 février 2013

Mesurer les précipitations grâce aux téléphones mobiles


Les smartphones diffusent déjà les prévisions météorologiques. Ils pourraient aussi aider à les élaborer : on peut effectuer un relevé précis des précipitations grâce aux perturbations des réseaux de téléphonie mobile. Une équipe de chercheurs néerlandais vient d'en faire la démonstration à l'échelle des Pays-Bas, dans une étude publiée, lundi 4 février, par la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. La pluie absorbe et disperse le signal relayé par les antennes de téléphone. Une distortion qui, une fois analysée et compilée, donne une image des passages pluvieux aussi fidèle que les radars et les pluviomètres habituellement utilisés par les services de météorologie. Le principe de ces mesures avait été exposé dans un article publié par Science en 2006. Aart Overeem, Hidde Leijnse et Remko Uijlenhoet, chercheurs au département des sciences environnementales de l'université Wageningen et à l'Institut royal de météorologie des Pays-Bas, ont fait la première démonstration à grande échelle de la validité du modèle. 

LE NOMBRE DE PLUVIOMÈTRES A CHUTÉ 
Les scientifiques se sont procurés pour cela les relevés de 2 400 signaux émis toutes les quinze minutes entre des antennes relais du pays, sur deux périodes de douze jours chacune en 2011. Analysant la manière dont variait la force des signaux ainsi émis, ils en ont déduit la quantité de pluie qui tombait à chaque moment entre deux mats d'antennes. Le résultat s'est révélé conforme aux cartes dressés grâce aux radars météorologiques et aux relevés pluviométriques. "Nous avons montré qu'il était possible de véritablement mesurer les précipitations, d'identifier des averses précises et comment elles se déplacent à travers un pays", souligne Aart Overeem. Pour les auteurs, cette démonstration est d'autant plus importante que le nombre de pluviomètres a chuté de moitié en quelques décennies aussi bien en Europe qu'en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud. "Des relevés de précipitations précis et rapides sont cruciaux pour la gestion de la ressource en eau, l'agriculture, la prédiction météorologique... Pourtant, la majorité de la surface terrestre manque de pareilles données", observent les auteurs. 

MESURER L'INTENSITÉ DES PLUIES SUR TOUTE LA PLANÈTE 
A l'inverse, les réseaux de téléphonie mobile couvrent 90 % de la population mondiale. Et tous les opérateurs utilisent des réseaux de technologie identique. Cela permettrait théoriquement, avec un seul et unique algorithme, de mesurer l'intensité des pluies sur toute la planète, même si, selon les auteurs, "les paramètres de l'algorithme de calcul des précipitations devraient être recalibrés pour des précipitations de différentes caractéristiques, pour d'autres régions, climats et saisons".